Bert Mattijs
BIÈRES SESSION, LE TEMPS D’UNE PAUSE
Column
Le mot « session » apparaît en Angleterre lors de la Première Guerre mondiale et désigne alors les périodes fixes de la journée durant lesquelles l’ouvrier à la chaîne pouvait boire une bière pour se rafraîchir. Une bière naturellement basse en alcool, car sinon notre ouvrier aurait fait exploser l’obus qu’il fabriquait et la Grande Guerre aurait duré quatre ans de plus.

Session, le mot a donc une centaine d’années, mais il connaît un certain regain depuis dix ans environ. Dans nos contrées, il est encore relativement inconnu, sauf chez les vrais freaks. Ceux qui ne sont plus surpris par des ABV 42° et qui considèrent la eisbock comme du passé. Oui, ceux qui spéculent sur la valeur de la bière et bourrent des caves sans fin avec des millésimes, des années rares et des éditions limitées et numérotées qui font mal aux yeux. Cette fois, ils ont cependant raison, les sessions sont, à mon avis, la tendance. Qui ne souhaite pas en effet profiter d’une bière fraîche, max 5°, un jour d’été ? Une bière que l’on fera suivre d’une deuxième avec plaisir et sans grand risque d’être saoul. Pas de bière triple à la campinoise, mais plutôt une blonde de Bruxelles, euh, pardon, de Belgique. De plus en plus de brasseries ajoutent une variante légère à leurs gammes, souvent juste parfaitement faite. Ajoutez-y une belle étiquette et le consommateur sera content. Qui aurait cru que le souvenir de cet ouvrier britannique allait traverser les décennies ?

L’été est au plus haut au moment d’écrire ceci. La pils a été poussée de côté et remplacée par une bière de session. Ne cherchez surtout pas ce terme dans notre culture brassicole, vous seriez déçu. Comme je le disais, le terme n’a pas encore percé chez nous. Mais peut-être n’est-ce pas si mal. Gardons simplement l’habitude de boire de superbes bières belges avec peu d’alcool. Celle que l’on peut recommander après l’avoir dégustée. C’est une session. Marquer une pause et se détendre au milieu du tumulte. Pour autant que cela soit permis…

Bert Mattijs