MAIS QU’EST-CE QU’UNE… BIÈRE TRIPLE

Dégustation à l’Abbaye de Westmalle

La question est loin d’être évidente et entraîne beaucoup de confusion. S’il ne s’agit assurément pas d’une triple fermentation, la notion « triple » est plutôt utilisée pour se différentier des bières « doubles ».

En Belgique, une bière « double » désigne une bière pour la fabrication de laquelle on verse le double de matière première, ce qui donne alors une double densité. Ce sont généralement des bières brunes qui titrent aux alentours de 8 %vol. Une bière « triple » qualifie quant à elle une bière forte de haute fermentation qui subit une refermentation en bouteille (comme la « double »), mais qui est plus dense que celle-ci. Elle ne représente toutefois pas une densité triple et donc pas non plus trois fois plus de matière première, car elle serait impossible à brasser ! Il faut cependant noter que le pourcentage élevé d’alcool ne provient pas toujours de la quantité de grain utilisée. On y ajoute parfois du sucre (sous forme de glucose) pour atteindre ce pourcentage élevé. En raison de celui-ci, la « Triple » présente également une teneur plus élevée en gaz carbonique.

L’origine du terme « triple » est également controversée et proviendrait selon certains de la brasserie de l’Abbaye de Westmalle qui décida de brasser en 1934 une première « Triple ». D’autres sources font remonter le terme « triple » au Moyen-Âge. Un tonneau de bière de table destiné aux pauvres portait une croix, le tonneau pour les moines et leurs hôtes payants en portait deux (« Double »), selon les usages du monastère. Et, comme on peut le deviner aisément, le tonneau portant trois croix (« Triple ») était réservé à l’abbé et aux hôtes de marque.

Les triples tournent généralement autour de 9 %vol. On en trouve pourtant qui sont à 7 % et d’autres affichent fièrement leur 11 % ! Il s’agit donc malgré tout de bières fortes, généralement blondes, mais ici aussi des exceptions sont à noter. Au niveau gustatif elles se caractérisent par une attaque douce, des notes fruitées, parfois maltées et une finale souvent houblonnée.

Pas facile de faire la part des choses d’autant plus que le terme « Triple » est aussi considéré par certains brasseurs comme un argument commercial et des abus sont parfois signalés en Belgique (c’est assez rare) et à l’étranger. On retrouve ainsi des bières dénommées « triple » qui s’éloignent fortement de l’esprit original de ce style typiquement  belge.

C’est dans le cadre prestigieux de l’Abbaye de Westmalle que la rédaction de Bière Grand Cru a réuni un comité de dégustation, composé de Pierre Zuber, Luc Pauwels, Nino Bacelle, Jérôme Goffinet, Luc De Raedemaeker et Thomas Costenoble sous l’œil attentif et les conseils avisés de Jan Adriaenssens, maître brasseur de l’Abbaye. Une petite quinzaine de « Triple » ont été dégustées à l’aveugle et les résultats ont démontré le très haut niveau qualitatif de ce style qui constitue une référence mondiale. La totalité des bières a obtenu des scores oscillant entre 14 et 17/20.

Photo: Bart Van der Perre

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